En vers libres
-Ce n'est pas sexuel, me précise-t-il.
Juste pour la poésie. Je l'avais bien compris. L'esprit de poésie. Je l'avais bien saisi. Des mots chuchotés, petites bulles d'air qui flottent quelques brefs instants, caressent, et éclatent sans bruit. Déroulent le fil de la danse. Et proprement charment, comme des formules magiques qui tentent de percer l'épaisseur de la chair, d'alléger la lourdeur de l'esprit.
Il m'arrive de danser les yeux grands ouverts, à regarder les autres danseurs, à me distraire de ce qui se passe autour de moi, sans réelle connexion avec mon corps, encore moins avec le danseur. Je ne suis alors pas dans la danse. Mon corps si, d'une manière mécanique. En réalité il ne se passe pas grand chose. Rien n'est advenu. Aucune surprise. Aucune sensation. On est là, et à ce moment là on ne sait pas trop pourquoi.
Et puis voilà un danseur qui s'affranchit de tout, pour être justement pleinement là, qui vous embarque avec délicatesse dans son univers. Egrène sa poésie.
Il me parle de confiance. J'ai confiance. Je bute sur le mot toutefois. C'est idiot.
J'aurais du encore plus me taire. Me contenter de poser mes silences comme on pose des notes de musique en accompagnement du chant.
Juste le lâcher prise qui est parfois difficile, qu'on voudrait total, mais qui se heurte à quelques résistances intérieures. Bêtes résistances intérieures, fragiles toutefois quand l'autre vous entraîne vers d'autres berges, ou îlots, vous éloigne de ce que vous êtes.
Il est des rencontres extra-ordinaires.