Une tenda de réconciliation

Publié le par gribouille

 Il aura suffi hier soir d'une tenda pour me réconcilier avec le tango, après plusieurs d'entre elles  durant lesquelles je me suis mortellement ennuyée. Des danseurs appliqués. L'un trop négligent et plein de suffisance. Sait-il seulement ce danseur qu'il faut des égards vis à vis de sa danseuse? Qu'elle n'est pas juste un chiffon qu'on agite  ?  j'ai cru qu'on allait en arriver aux mains tellement j'ai eu envie de lui cracher au visage, rien que ça, de lui donner des coups de pieds, de le gifler et de le mordre, bref de prêter  à ce chiffon quelques revendications à l'existence, de lui donner une consistance, une agressive résistance. 

Et puis l'invitation que je ne souhaitais plus, boudeuse. Et là instantanément, me suis retrouvée nichée confortablement dans ses bras, lovée, enveloppée, fusion, sans confusion. J'ai fermé les yeux ce que je ne faisais plus, me suis laissée porter, entrainée dans une danse libre et inventive. Entente des corps qui se sont reconnus immédiatement. Envolées les craintes, pas de retenue, pas de faux semblants ou fausse pudeur, tout était là dans l'étreinte. Nous nous sommes écoutés - et compris  - et aimés de nouveau.

Je suis repartie tout de suite après, de peur qu'un facheux de nouveau ne m'invite, de peur que Lui ne me réinvite plus. Suis repartie, gambadant dans Paris, folâtre : une amoureuse du tango.

Publié dans bribes électives

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